Delphine Micaëlli (infirmière en pratique avancée – puéricultrice et doctorante en santé publique à l’hôpital Robert-Debré) et Sébastien Kerever (coordonnateur paramédical de la recherche SIRMT à la direction des soins des hôpitaux Saint-Louis, Lariboisière – Fernand-Widal) ont cosigné un article s’intéressant au suivi des enfants admis après un séjour en unité de soins intensifs pédiatriques (USIP) paru dans le Nursing Critical Care le 18 octobre 2024.
Revue de la portée et pratique clinique
De nos jours, la plupart des enfants survivent à leur passage en soins intensifs, mais de nombreuses études démontrent qu’ils restent à risque de développer un syndrome post-réanimation : impacts psychologiques, fonctionnels, cognitifs et sociaux, sur les enfants et leurs familles. Cependant, à ce jour, aucune recommandation d’experts ne précise le suivi post-USIP. Les résultats révèlent une grande hétérogénéité dans le suivi post-USIP. Une standardisation et une coordination accrue apparaissent nécessaires, d’autant plus que le nombre de patients affectés par un séjour en USIP est en augmentation. Cette étude exploratoire vise donc à identifier et à synthétiser les modalités de suivi proposées : professionnels impliqués, outils d’évaluation utilisés ainsi que la temporalité du suivi.
Les résultats ont été publiés dans Nursing Critical Care le 18 octobre 2024 Patient follow‐up after discharge from the paediatric intensive care unit: A scoping review – Micaëlli – Nursing in Critical Care – Wiley Online Library
Mise en place d’une consultation post-réanimation
En parallèle, Delphine Micaëlli a mis en place une consultation post-réanimation pour répondre aux besoins des enfants et de leurs familles après une sortie de l’unité de soins intensifs pédiatriques. Cette consultation permet d’accompagner les enfants et leurs familles afin qu’ils retrouvent des repères après la réanimation. De nombreuses familles se montrent reconnaissantes pour cet accompagnement qui crée un lien continu entre l’avant et l’après-réanimation.
Delphine Micaëlli réajuste les modalités de suivi, guides, outils d’évaluation et temporalité, en fonction des besoins identifiés. Certaines familles nécessitent un suivi court, tandis que d’autres sont accompagnées sur plusieurs années. Elle assure également la continuité des soins en lien avec la médecine de ville pour garantir un suivi sur le long terme. Elle souligne : « Le suivi post-réanimation pédiatrique est complexe et nécessite une évaluation multidimensionnelle (psychologique, physique, sociale, etc.). » Son réseau inclut notamment des spécialistes, comme des psychologues et pneumologues, disponibles pour une prise en charge rapide des besoins spécifiques identifiés durant le suivi.
Rôle des infirmiers en pratique avancée (IPA) et la recherche paramédicale
Sébastien Kerever met en avant l’importance des IPA dans la coordination du suivi post-réanimation entre les différents professionnels de santé, tels que les psychologues, orthophonistes, et ORL. Avec cette revue de la portée il constate également l’absence de recommandations standardisées pour le suivi de ces jeunes patients.
Ils concluent leur étude en soulignant l’importance de créer un modèle de prise en charge multidimensionnel pour ces enfants et leurs familles et mettent en lumière le potentiel des IPA pour coordonner ce parcours post-réanimation.
Encourager la recherche paramédicale
« Il y a un intérêt croissant pour la recherche paramédicale en France et au sein de notre GHU, bien que certains professionnels hésitent à se lancer », remarque Sébastien Kerever qui encourage les paramédicaux à utiliser les ressources et les experts disponibles, pour mieux structurer et enrichir les collaborations dans le secteur hospitalier.