Potentiel des cellules CAR T dans le traitement du lupus : De la théorie à la pratique
Investigateur de la plateforme impliqués dans cette étude :
Pr Dominique Farge-Bancel : coordinatrice médicale du CRMR Maladies Auto-immunes et Thérapie Cellulaire (MATHEC), hôpital Saint-Louis ; Recherche clinique appliquée à l’hématologie, URP 3518, IRSL, Université Paris Cité ; Département de Médecine, Université McGill
Le lupus érythémateux systémique (LES) est une maladie auto-immune rare, hétérogène et potentiellement mortelle. La présence d’une atteinte rénale ou d’autres organes majeurs (cerveau, cœur ou poumon) est un facteur prédictif péjoratif de la maladie, chez des patients résistants aux traitements conventionnels de première ou de deuxième ligne et pour lesquels la mortalité à 10 ans reste de l’ordre de 10 à 15 %.
L’immunothérapie à base de cellules T chimériques à récepteur d’antigène (CAR T) permet de rediriger les lymphocytes T modifiés vers des antigènes cibles spécifiques et de stimuler simultanément leur activation. À la suite des résultats remarquables obtenus dans le traitement des hémopathies malignes, la thérapie par cellules CAR T est depuis récemment testée chez les patients atteints de LES réfractaire. Par rapport à l’utilisation d’anticorps monoclonaux, les cellules CAR T anti-CD19 permettent d’obtenir une déplétion plus profonde des lymphocytes B autoréactifs, notamment au niveau des tissus enflammés et des organes lymphoïdes, de supprimer la signature interféron et de restaurer la tolérance immunitaire grâce à la réémergence d’un nouveau répertoire de cellules B naïves.
Toutes les données cliniques rapportées jusqu’à présent chez des patients atteints de LES ont montré que le traitement autologue par cellules CAR T anti-CD19 permettait la résolution impressionnante, à court et à long terme, de la néphrite lupique et d’autres manifestations graves liées à la maladie, sans toxicité majeure et avec seulement un léger syndrome de libération de cytokines. Ces effets cliniques persistent après la reconstitution des lymphocytes B et sont associés à la normalisation des anticorps anti-ADN double brin et des taux de complément, chez des patients sans traitement ajouté jusqu’à 3 ans après la thérapie par cellules CAR T.
Ces premières expériences de l’utilisation de cellules CAR T dans le LES montrent une réponse clinique et immunologique unique, avec la nécessité d’un suivi prolongé pour déterminer l’efficacité à long terme de cette thérapie.
Résumé d’article rédigé par Mme Pauline Lansiaux.
Alsuliman T et al, Harnessing the potential of CAR-T cell in lupus treatment: From theory to practice. Autoimmunity Reviews. Volume 23, Issue 12, December 2024, 103687
https://doi.org/10.1016/j.autrev.2024.103687