Les auto-anticorps sont associés à la progression de la maladie dans la fibrose pulmonaire idiopathique

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Les auto-anticorps sont associés à la progression de la maladie dans la fibrose pulmonaire idiopathique

Les auto-anticorps sont associés à la progression de la maladie dans la fibrose pulmonaire idiopathique

Pr Bruno Crestani, coordonnateur médical du Centre de référence constitutif des maladies pulmonaires rares (de l’adulte) (ORPHA-LUNG), hôpital Bichat

 

La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est une maladie rare, progressive, liée à l’âge, qui évolue vers l’insuffisance respiratoire et le décés, malgré les traitements disponibles qui ralentissent l’évolution de la maladie sans la bloquer. Le rôle des cellules B autoréactives et des auto-anticorps dans la physiopathologie de la fibrose pulmonaire idiopathique est discuté, d’autant plus qu’un essai thérapeutique (essai PANTHER) a montré que la combinaison corticoïdes oraux, azathioprine (un immunosuppresseur) et N-acétylcystéine (un antioxydant) aggravait le pronostic de la fibrose.

 

Dans ce travail collaboratif national, nous avons montré que les patients atteints de FPI ont une modification du phénotype des cellules B circulantes par rapport aux témoins appariés selon l’âge et que les patients qui ont des auto-anticorps contre la périplakine (PPL) lors du diagnostic ont une survie sans progression réduite dans la cohorte prospective française COFI. La périplakine est une protéine intra-cellulaire exprimée par l’épithélium alvéolaire, qui est également détectée dans le milieu extra-cellulaire en cas d’agression pulmonaire, et notamment chez les patients atteints de FPI.

 

À l’aide d’un modèle murin de fibrose pulmonaire, nous démontrons que l’introduction d’anticorps ciblant la périplakine (imitant les auto-anticorps naturels observés chez les patients) directement dans le poumon augmente les lésions pulmonaires, l’inflammation, le contenu en collagène et l’expression de la fibronectine, par l’activation directe des cellules dendritiques folliculaires, ce qui à son tour active et entraîne la prolifération des fibroblastes. Nous identifions une population de fibrocytes circulants dont le nombre est augmenté dans le sang des patients atteints de FPI, qui est également observée dans les foyers fibrotiques des patients atteints de FPI par rapport aux témoins appariés selon l’âge, et qui est attiré dans le poumon chez la souris après l’injection des anticorps anti-périplakine sous l’influence de la chimiokine CXCL13, et pourrait ainsi contribuer à la fibrose pulmonaire. Cette étude montre la nature complexe et hétérogène de la FPI, identifiant de nouvelles voies qui pourraient s’avérer adaptées à une intervention thérapeutique ciblée.

Résumé rédigé par le Pr Bruno Crestani

 

Référence :

Autoantibodies are associated with disease progression in idiopathic pulmonary fibrosis.  Koether K et al. Eur Respir J. 2023 May 18;61(5):2102381. doi: 10.1183/13993003.02381-2021.

 

Pr Bruno Crestani