Incidence élevée de maladies auto-immunes systémiques chez les survivants de sepsis : une étude épidémiologique à l’échelle nationale.
Investigateurs du centre expert de la plateforme impliqués dans cette étude :
Dr Arthur Mageau, Dr Aloïs Helary, Pr Thomas Papo, Pr Karim Sacre : Centre de compétence des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires systémiques rares de l’adulte d’Ile-de-France, Est et Ouest – hôpital Bichat – Claude Bernard
Le sepsis se caractérise par un relargage excessif de cytokine pro-inflammatoire en réponse à une infection. Ces même cytokines pro-inflammatoires étant au cœur de la physiopathologie des maladies auto-immunes, nous avons cherché à savoir s’il existait un sur-risque d’incidence de maladies auto-immunes systémiques chez les patients ayant survécu à un épisode de sepsis.
Pour répondre à notre question, nous avons réalisé une étude de cohorte appariée utilisant la base de données médico-administrative nationale française PMSI. Au sein de cette cohorte, nous avons sélectionné les patients ayant eu un épisode de sepsis en 2020 en définissant le sepsis par l’association d’un code diagnostic d’infection et d’un code diagnostic de défaillance d’organe. Ces patients étaient appariés de manière aléatoire à des patients admis pour infarctus du myocarde au cours de la même période. Les variables d’appariement étaient l’âge, le sexe et les principales comorbidités. Le critère de jugement principal était l’apparition d’un premier diagnostic de maladie auto-immune systémique dans les 9 mois suivant l’hospitalisation pour sepsis ou infarctus du myocarde.
En France, le taux d’incidence de maladie auto-immunes après un sepsis en 2020 – analysé chez 62 257 patients – était de 7956 (intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] 7392-8520) pour 100 000 patients-années. Par rapport à la population des patients hospitalisés pour infarctus, nous avons observé un risque accru de maladie auto-immune de 2,80 (hazard ratio [HR] ; IC à 95 % [2,22-3,54]) à partir du 16e jour après sepsis. Au sein des différentes maladies auto-immunes systémiques, le risque était plus élevé pour la thrombopénie immunologique (5,51 [1,97-15,4]), l’anémie hémolytique auto-immune (HR 4,83 [1,45-16,1]), les vascularites associées aux ANCA (4,66 [2,05-10,6]) et le lupus systémique (4,32 [1,49-12,5]). L’association entre le sepsis et l’apparition de maladies auto-immunes étaient bien équilibrée entre les différentes catégories d’agents pathogènes responsable de sepsis.
Conclusion. Notre étude montre une incidence élevée de maladies auto-immunes systémiques chez les survivants de sepsis.
Résumé d’article rédigé par le Dr Arthur Mageau
Mageau A et al. High incidence of immune-mediated inflammatory diseases in sepsis survivors: A nationwide exposed-nonexposed epidemiological study. J Intern Med. 2024 Feb;295(2):242-252. doi: 10.1111/joim.13745