Infection par le VIH-1 multirésistante : efficacité du lenacapavir

Un site utilisant Réseau HU Paris Nord Val de Seine

Recherche Innovation Centres d'excellence

Infection par le VIH-1 multirésistante : efficacité du lenacapavir

Efficacité du lenacapavir chez les patients atteints d’une infection par le VIH-1 multirésistante

Publié le Communiqués de presse

Une équipe internationale, coordonnée par le Pr Jean-Michel Molina du département des maladies infectieuses des hôpitaux Saint-Louis et Lariboisière AP-HP et d’Université Paris Cité, a étudié l’efficacité et la tolérance du lenacapavir chez les patients atteints d’une infection par le VIH-1 multirésistante.

Les résultats de l’étude CAPELLA, qui démontrent une très nette efficacité de ce traitement chez des patients en multi-échec, ont fait l’objet d’une publication dans le New England Journal of Medecine le 12 mai 2022.

Les patients infectés par le VIH de type 1 ayant des virus multi-résistants disposent d’options thérapeutiques limitées et sont à risque élevé de morbi-mortalité.

L’équipe de recherche a étudié l’effet du lenacapavir, un nouvel antirétroviral de mécanisme d’action original, chez les patients atteints d’une infection par le VIH-1 multirésistante.

72 patients infectés par un VIH-1 multirésistant, avec une réplication virale non contrôlée, ont été inclus dans deux cohortes.

Dans la cohorte 1, les patients ont été randomisés selon un rapport 2:1 pour recevoir du lenacapavir par voie orale ou un placebo en plus de la poursuite de leur traitement existant pendant 14 jours. A partir du jour 15, les patients ont reçu le lenacapavir en injection sous–cutanée tous les 6 mois, en plus d’un traitement antiviral optimisé.

Le critère d’évaluation principal était le pourcentage de patients qui avaient une diminution d’au moins 0,5 log10 copies/ml de la charge virale au jour 15. Un critère d’évaluation secondaire clé était la proportion de patients ayant une charge virale inférieure à 50 copies/ml à la semaine 26.

Dans le groupe lenacapavir, 21 patients sur 24 (88%) ont obtenu une diminution d’au moins 0,5 log10 copies/ml de la charge virale au jour 15 et seulement 2 patients sur 12 (17%) dans le groupe placebo.  La diminution moyenne de la charge virale était de plus de 2,1 log10 copies/ml dans le groupe lenacapavir alors qu’elle augmentait de 0,07 log dans le groupe placebo. A 26 semaines, 81% des patients de la cohorte 1 ont obtenu une charge virale < 50 copies/ml.

Dans la cohorte 2 en ouvert, les patients ont reçu d’emblée le lenacapavir avec un traitement antiviral optimisé et 83% avaient une charge virale < 50 copies/ml à 26 semaines.

Aucun événement indésirable grave lié au lenacapavir n’a été identifié dans cette étude. L’événement indésirable le plus fréquent dans cette étude était les réactions au point d’injection.

Une phase d’extension de l’étude visant à évaluer divers autres critères d’efficacité et de tolérance se poursuit avec une injection sous–cutanée de lenacapavir tous les 6 mois, en plus d’un traitement antiviral optimisé.

Le lenacapavir, dont le mécanisme d’action est unique en interagissant avec les protéines de la capside du VIH-1, bloque de multiples étapes du cycle de réplication viral, avant et après l’intégration du provirus dans l’ADN cellulaire. Il n’y a pas de résistance croisée avec les autres antiviraux actuellement disponibles.

Cet antiviral a aussi l’intérêt de ne devoir être administré qu’une fois tous les 6 mois par voie sous-cutanée ce qui facilité l’observance du traitement.

Le lenacapavir est un médicament en cours de développement et son utilisation n’est autorisée par aucune autorité réglementaire. Son efficacité et sa tolérance ne sont pas établies.

Gilead Sciences est le promoteur de l’étude CAPELLA.

Référence : Sorana Segal-Maurer, Edwin DeJesus, Hans-Jurgen Stellbrink, Antonella Castagna, Gary J. Richmond, Gary I. Sinclair, Krittaecho Siripassorn, Peter J. Ruane, Mezgebe Berhe, Hui Wang, Nicolas A. Margot, Hadas Dvory-Sobol, Robert H. Hyland, D.Phil., Diana M. Brainard, Martin S. Rhee, Jared M. Baeten, Jean-Michel Molina, New England Journal of Medecine.

DOI : 10.1056/NEJMoa2115542