Recherche paramédicale et maïeutique : Marion Barberis et Fanny Salmon, lauréates de l’appel à projets

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Recherche paramédicale et maïeutique : Marion Barberis et Fanny Salmon, lauréates de l’appel à projets

Marion Barberis de l’hôpital Lariboisière et Fanny Salmon de l’hôpital Robert-Debré, toutes deux déjà lauréates en 2023, ont été sélectionnées pour poursuivre leurs travaux de recherche et réaliser leur thèse de doctorat pendant un an à la suite de l’appel à candidatures lancé par l’AP-HP de doctorat en recherche paramédicale et maïeutique. 

L’initiative de l’appel à projets, mise en place il y a une dizaine d’années à l’AP-HP, vise à soutenir la recherche paramédicale. Contrairement aux médecins, les paramédicaux tels que les infirmiers, orthophonistes, kinésithérapeutes, etc., ne disposent pas de temps dédié spécifiquement à la recherche. Leur activité clinique occupe l’essentiel de leur temps. La recherche doit se faire en plus, souvent sans financement et sur leur temps personnel.

Participer à cet appel à candidatures proposé par l’AP-HP. offre aux paramédicaux une opportunité unique de bénéficier de financements pour réaliser un doctorat, tout en étant détachés de leur activité clinique pendant trois ans.

Félicitations aux lauréates !

  • Marion Barberis est orthophoniste au sein du service de neurochirurgie et neurologie de l’hôpital Lariboisière. Elle est en deuxième année de thèse sur le sujet des « Déficits cognitifs légers et activité professionnelle : prédire et accompagner la reprise du travail après chirurgie d’un gliome ou AVC mineur » ;
  • Fanny Salmon est sage-femme au sein de la maternité de l’hôpital Robert-Debré en troisième année de thèse pour l’« Inflammation périnatale et le devenir neuro-développemental à cinq ans, à partir de la cohorte en population EPIPAGE 2 ».

Marion Barberis, hôpital Lariboisière | Fanny Salmon, hôpital Robert-Debré

 

Focus sur les projets

 

Marion Barberis, orthophoniste, service de neurochirurgie et neurologie de l’hôpital Lariboisière, deuxième année pour sa thèse « Déficits cognitifs légers et activité professionnelle : prédire et accompagner la reprise du travail après chirurgie d’un gliome ou AVC mineur ».

Lors de sa première sélection en mai 2023, Marion Barberis expliquait son projet de recherche portant sur les gliomes de bas grade. Cette pathologie rare, caractérisée par des tumeurs cérébrales primitives du cerveau, nécessite une approche chirurgicale spécifique. Pour optimiser l’intervention chirurgicale, les patients sont réveillés pendant l’opération. Ceci afin de tester les zones cérébrales essentielles, évitant ainsi d’endommager des fonctions vitales telles que le langage ou la motricité.

Le projet de recherche de l’orthophoniste se concentre sur le retour au travail des patients opérés de gliomes de bas grade. L’objectif est d’identifier les facteurs cognitifs qui influencent la reprise du travail chez ces patients. Grâce à des tests spécifiques de fluence verbale et à une analyse fine des résultats, l’équipe de recherche espère pouvoir prédire les difficultés potentielles des patients à reprendre le travail et proposer une rééducation ciblée pour faciliter leur réinsertion professionnelle.

Selon Marion Barberis, « les orthophonistes sont souvent mal connus du grand public et réduits à leur travail auprès des enfants en libéral. » Cependant, leur domaine d’intervention est beaucoup plus large, couvrant des secteurs variés, tels que la néonatologie ou la surdité. « La recherche orthophonique marque une reconnaissance bien méritée pour ces professionnels de la santé », admet-elle.

L’orthophoniste ajoute : « L’implication croissante des médecins dans l’intégration des paramédicaux dans la recherche contribue beaucoup à l’essor de la recherche paramédicale ». Elle explique notamment que « l’ensemble de l’équipe médicale, y compris les paramédicaux, collabore activement à la production d’articles scientifiques et à la réalisation de projets de recherche novateurs. »

 

Les gliomes de bas grad

Les gliomes de bas grad, une pathologie rare (1/100 000), sont des tumeurs cérébrales primitives du cerveau diagnostiquées vers l’âge de 40 ans chez des adultes en bonne santé jusque-là. Ces tumeurs ont une longue phase asymptomatique jusqu’à la survenue de crises d’épilepsie, et sont révélées grâce à une IRM. Elles doivent être retirées car elles causent des crises d’épilepsie et compriment des régions cérébrales fonctionnelles importantes pour la motricité et le langage. La tumeur est constituée de cellules normales puis devient maligne, devenant ainsi une tumeur de haut grade dont l’issue peut être dramatique. La chirurgie est la première intention pour ces patients afin de retirer le maximum de tumeur, sans causer de dommages. Les patients sont endormis durant la première phase de l’opération puis sont réveillés pendant l’opération pour tester, avec une sonde qui envoie des courants électriques de faible intensité, la zone du cerveau à réséquer (enlever une partie d’organe ou de tissu). Pendant ce temps, l’orthophoniste est du côté pile du patient et voit son visage, pour le tester à l’ordinateur : lui faire des tâches du langage assez simples (lire des mots, compter des images, bouger le bras opposé, etc.). Le chirurgien envoie des stimulations électriques et, lorsqu’il y a un changement de la réponse du patient, l’orthophoniste le signale au chirurgien car cela signifie qu’il a touché une zone fonctionnelle à ne pas toucher lors de la résection.

Fanny Salmon, sage-femme à la maternité de l’hôpital Robert-Debré, troisième année de thèse « Inflammation périnatale et devenir neuro-développemental à cinq ans, à partir de la cohorte en population EPIPAGE 2 ».

Titulaire d’un diplôme d’État de sage-femme obtenu à l’Université Paris VI Sorbonne en 2017, Fanny Salmon obtient son Master 2 d’Epidémiologie à l’Université Paris Cité en 2021.

L’objectif de sa thèse est de déterminer si l’inflammation périnatale est associée à des troubles du neurodéveloppement à cinq ans chez les enfants nés prématurés, en suivant quatre axes :

  • la chorioamniotite clinique ;
  • la chorioamniotite histologique ;
  • les naissances dans des contextes de mise en travail spontané et de rupture prématurée des membranes ;
  • en postnatal.

(Base de données issue de la cohorte EPIPAGE 2, soit 5 022 enfants nés prématurément (<35SA) dont 66 % suivis à cinq ans (motricité fine et coordination, développement cognitif, troubles des fonctions exécutrices, interactions environnementales).

Le temps de la thèse est un moment privilégié de trois ans pour mener à bien un projet de recherche. Fanny Salmon explique : « Cela me permet de me spécialiser dans un domaine – l’épidémiologie -, d’approfondir mes connaissances méthodologiques et d’affiner mes capacités d’analyse. Il est aussi un moment d’enrichissement professionnel et personnel important, avec la possibilité de s’ouvrir à des domaines peu abordés dans ma formation initiale (sociologie, éthique, économie de la santé…) ».