Hémoglobinurie paroxystique nocturne : nouvelle perspective dans la prise en charge thérapeutique de cette maladie rare

Hémoglobinurie paroxystique nocturne : nouvelle perspective dans la prise en charge thérapeutique de cette maladie rare

 

Les équipes du centre de référence des aplasies médullaires acquises et constitutionnelles de l’hôpital Saint-Louis AP-HP et de Université Paris Cité, coordonnées par le Pr Régis Peffault de Latour, ont rapporté les résultats à long terme d’un nouvel inhibiteur oral de la voie proximale du complément (Iptacopan, anti-facteur B, Laboratoire Novartis), dans le traitement de l’hémoglobinurie paroxystique nocturne.

Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication parue dans la revue Lancet Haematology

 

 

L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) est une maladie rare des cellules sanguines qui touche principalement les jeunes adultes. Elle est caractérisée par une destruction des globules rouges dans la circulation. Elle touche la vie quotidienne car elle nécessite des transfusions régulières et peut également être responsable de thromboses graves pouvant entraîner un décès.

Les patients ont pu retrouver des taux de survie comparables à la population générale grâce à l’utilisation d’anticorps monoclonaux ciblant la voie terminale du complément (anti-C5 ; Eculizumab, Soliris ® et Ravulizumab, Ultomiris®). Néanmoins la moitié d’entre eux présente une anémie résiduelle malgré le traitement standard et 1/3 d’entre eux sont transfusés régulièrement ou ponctuellement.

Le travail publié rapporte les résultats à long terme de l’utilisation l’Iptacopan chez des patients atteints d’HPN jusque-là jamais traités (étude APPOINT) ou présentant une réponse incomplète au traitement par anti-C5 (anémie transfusée ou non, étude APPLY). Ces résultats confirment les données déjà publiées par l’équipe du centre de référence aplasie médullaire l’année dernière dans le New England Journal of Medicine (Peffault de Latour NEJM 2024). Après 48 semaines de suivi, près de 80% des patients qui étaient traités précédemment par le traitement standard (eculizumab ou ravulizumab) ont augmenté leur taux d’hémoglobine d’au moins 2g/dL (étude APPLY) et 97% pour les patients traités en 1ère ligne ((étude APPOINT). Plus de la majorité des patients (60%) ont normalisé leur taux d’hémoglobine dans létude APPLY et près de 80% dans l’étude APPOINT. Le taux de crise hémolytique était de seulement 7%, toutes légères ou modérées. La tolérance globale du traitement s’est avérée très bonne avec aucun arrêt de traitement pendant la durée totale de l’étude.

Cette étude confirme ainsi le bénéfice clinique et l’absence de toxicité de l’Iptacopan pour les patients ayant une HPN de forme hémolytique. Ces travaux ouvrent également la voie à des perspectives majeures dans la prise en charge thérapeutique des patients atteints de maladies impliquant des dérégulations du complément.

 

Oral iptacopan monotherapy in paroxysmal nocturnal haemoglobinuria: final 48-week results from the open-label, randomised, phase 3 APPLY-PNH trial in anti-C5-treated patients and the open-label, single-arm, phase 3 APPOINT-PNH trial in patients previously untreated with complement inhibitors, Lancet Haematol. 2025 Jun;12(6):e414-e430.

doi: 10.1016/S2352-3026(25)00081-X