Quelle efficacité de la splénectomie pour les cas de cytopénies auto-immunes chez l’enfant de moins de 18 ans ? (MaRIH)

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Quelle efficacité de la splénectomie pour les cas de cytopénies auto-immunes chez l’enfant de moins de 18 ans ? (MaRIH)

Dr Thierry LEBLANC, coordonnateur médical du centre de référence des cytopénies auto-immunes de l’enfant (CEREVANCE) – Hôpital Robert-Debré

OBS’CEREVANCE est la cohorte du Centre de Référence Maladies Rares CEREVANCE (Filière MaRIH) qui enregistre prospectivement, depuis 2004, tous les cas de cytopénies auto-immunes (CAI) de l’enfant (< 18 ans) regroupant les pathologies suivantes : le purpura thrombopénique immunologique chronique (PTIC), l’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) et le syndrome d’Evans (SE).

 

 

Determinants of splenectomy long-term outcomes in pediatric autoimmune cytopenias – Pincez T et al. Blood. 2022 Apr 20 ; 10.1182/blood.2022015508

L’objet de l’étude était d’évaluer l’efficacité de la splénectomie soit l’ablation de la rate faite pour les cas de cytopénies auto-immunes (CAI) de l’enfant avant 18 ans ; un suivi d’au moins 1 an était nécessaire pour l’inclusion.

 

 

Le critère retenu est la survie sans mise en place d’un traitement de 2ème ligne (autre que les corticoïdes ou les IgIV). Parmi les 1 763 patients enregistrés, 161 ont pu être inclus : 120 PTIC, 19 AHAI et 20 SE. Le suivi médian est de 6,8 ans. La survie sans traitement (de 2nde ligne) globale à 5 ans est de 76,5%. Elle n’est pas influencée par le type de CAI.

Elle est en revanche très impactée par l’association à des manifestations immunopathologiques (MIP) qu’elles soient biologiques ou cliniques : l’association avec une MIP avant splénectomie réduit son efficacité : HR de 0,39 [0,21-0,72] ; p = 0,003. Ceci est encore plus marqué si on considère l’ensemble des MIP (avant ou après splénectomie) : HR : 0,22 [0,12-0,39] ; p = 2,8.10-7.  Ces MIP sont aussi associées à un risque augmenté d’infections sévères ou de thromboses dans le suivi.

Cette étude incite, à une époque où on dispose de beaucoup plus de possibilités thérapeutiques qu’historiquement, à bien peser les indications de la splénectomie et à rechercher soigneusement des MIP associées à la CAI. Elle soulève aussi la question de rechercher systématiquement un déficit immunitaire par des études génétiques.